Julia Eychenne et Lucie Sauzéat sont respectivement volcanologue et géologue de formation. Elles étudient à Clermont-Ferrand les particules fines émises par les éruptions volcaniques explosives dans le cadre d’un programme de recherche mené conjointement entre deux laboratoires : le Magma est Volcans et le Gred.
À travers leurs analyses, elles essayent de comprendre les risques pour notre santé et la meilleure manière de les évaluer.
Tout d’abord, pourquoi ce sujet ?
Ces dernières années, nous avons assisté à des éruptions volcaniques de grande ampleur, comme Eyjafjallajökul en 2010 qui avait paralysé le trafic aérien pendant plusieurs semaines. Elles ont marqué les esprits, mais derrière toute éruption il y a dispersion de particules fines dans l’atmosphère. Ces particules vont être inhalées ou se déposer sur le sol, ce qui peut entraîner une contamination de la production agricole. À chaque coup de vent, ces particules sont remises en suspension.
Particules fines, cendres volcaniques mais de quoi parle-t-on au juste ?
Mais qu’appelle-t-on “particules fines” ? Il existe différents types de particules fines. Elles sont issues de pollution industrielle, de l’agriculture, des véhicules. Il existe également des particules fines d’origine naturelle, dues à l’érosion des sols par le vent.
Dans le cadre des particules fines provenant d’éruption volcanique, c’est le magma qui se fragmente. Il produit des gouttelettes qui refroidissent très rapidement dans l’air. On appelle ça des cendres volcaniques. Cela n’a rien à voir avec la cendre de la combustion du bois. Ici, on a affaire à de petits morceaux de roche.
Deux approches complémentaires : in vitro et in vivo.
Julia Eychenne étudie les effets d’un contact entre les particules sur les cellules pulmonaires.
Lucie Sauzéat, quant à elle, identifie les paramètres et essaie de comprendre leur impact sur notre santé. On expose des souris à différents types de cendres volcaniques. Les cendres ont des composantes différentes pour chaque volcan. À travers l’analyse d’échantillons biologiques, on peut déterminer les risques accrus d’une exposition chronique.
Une concentration de métaux nocive pour notre santé
Dans un sol volcanique, les métaux sont extrêmement enrichis. Bien qu’ils soient vitaux pour l’organisme en petite quantité, à forte dose, ils deviennent nocifs et sont à l’origine de certaines pathologies comme des cancers ou des maladies neurodégénératives.
Avec l’approche in vitro, on cherche à l’échelle d’une cellule à identifier les mécanismes biologiques déclenchés par les particules fines. Ces réponses cellulaires sont les signaux d’un dérèglement de l’organisme.
À travers ces analyses, on cherche à découvrir des marqueurs chez des patients exposés. Cela permet aussi d’identifier des maladies issues de l’exposition à des particules volcaniques.
Est-ce que l’on risque quelque chose en Auvergne ?
En Auvergne, les sols sont volcaniques mais largement végétalisés. Plus il y a de végétaux qui poussent plus un sol moins il y a de particules en suspension. Donc pas de risque pour les Auvergnats.
Les sols à proximité des volcans sont connus pour être plus fertiles, pourtant…..
Un sol volcanique est par essence riche en matières organiques et contient des métaux. Certains métaux, vont jouer le rôle de fertilisant, tandis que d’autres peuvent se révéler dangereux pour l’organisme.